Deux jours avant l'ouverture, je me suis levée tôt. Des joueurs testaient pour la première fois l’escape à 18h00. Je ne voulais pas installer la salle dans le stress de la dernière minute.
On installe tout. A 15h00, on a presque fini. Évidemment, des problèmes techniques de dernière minute se posent. Un cadenas qui ne fonctionne plus, l’encre invisible qui se fait absorber par son support… etc.
Au final, à 17h30, tout est terminé. Assise seule à attendre les testeurs,je savoure le nouvel espace en me répétant mon texte.
Je m’inquiète un peu : l’escape dure-t-il 60 minutes ? Les énigmes sont encore compliquées. Je vais voir là où les testeurs bloquent pour les simplifier par la suite. Je suis quasiment certaine qu’il faudra en changer certaine.
Les testeurs arrivent, l’histoire commence. Après mon sketch, ils commencent à chercher. Ils n’ont pas la tâche facile.
Je note sur un papier les ajustements, les indices à laisser en plus dans la salle.
Quelque chose m’ennuie. Au fait, je m’ennuie. Ils sont concentrés, calmes, impliqués. Les énigmes s’enchainent. Personne ne crie. C’est plat.
Ils terminent quand même en 60 minutes.
Je demande un débriefe approfondi. Il ne ressemble pas à ceux que j’ai l’habitude d’entendre.
Ils ne m’ont pas dit que c’était un des escapes les plus surprenants de leur vie, que le décor était incroyable, qu’ils se sont cru immergé dans un jeu vidéo, ou kidnappé par une bande de fou. Ils m’ont juste dit qu’ils reviendront et que l’escape était bien.
Ils se sont bien amusés, pas exceptionnellement.
Pendant le rangement, je suis pensive. Je veux pas seulement proposer un escape. Je veux proposer une vrai aventure.
Évidemment, je me trouve des excuses. Créer la surprise dans un petit espace est plus difficile. C’est normal qu’ils crient moins que dans la veillée, on a quitté le genre horreur.
Il est 23h00. Dans mon lit, je me dis que la nuit porte conseil. Si je vide mon esprit pour m’endormir je me lèverai demain toute pimpante avec une solution.
Mais non, mon cerveau continue de tourner. Je ne trouverai pas le sommeil tant que je n’ai pas la solution. Elle existe et je peux la trouver. Des nouveaux scénarios se succèdent dans ma tête. Sur mon réveil : 00h00 puis 1h00, puis 2h00
D’un coup une illumination ! La nouvelle idée d’histoire se construit d’elle-même. Elle justifie tous, colle parfaitement à tous les critères. Elle est surprenante. Elle met les gens sous tension, vraiment. Peut-être trop ?
Je me lève, entourée de ma couette. Parfaitement réveillée d’un coup. Il faut que j’en parle à quelqu’un. Tout le monde dort dans les chambres. Je ne peux quand même pas les réveiller ? Je suis sur le point de renoncer à errer dans le couloir quand j’entends la voix de ma sœur.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
Je fonce dans sa chambre, m’assois sur le bord de son lit en toute égoïsme. Je raconte toute l’histoire.
« Ma chère sœur, est-elle exagérée ? Vais-je trop loin avec les joueurs ? Le jeu s’éloigne-t’ il trop d’un escape game classique ? »
La réponse claque d’un coup : Oui, bien sûr Ameline, il est encore plus compliqué et tordu que l’ancien. Je sais que tu vas quand même le faire. Je viendrai voir une fois, cela va être drôle.
Elle a raison.
D’un coup, Mme Ida me semble encore mieux que « La veillée »
Bon jeu !
Futur joueurs, j’aimerai commencer par ce message.
Si vous jouez avec Mme Ida, bien que tout ait l’air réel, rien ne l’est. Gardez bien en tête que c’est un jeu pour de faux, que vous ne risquez rien. Il n’y aura aucune raison de me frapper, de défoncer la porte, de partir en courant et d’appeler la police.
Si vous voulez, vous pouvez faire croire à vos amis que vous allez voir une vraie voyante et pas à un escape game. Cela peut-être comique et vous faire une bonne anecdote pour plus tard. Par contre, dans ce cas, à vous de les empêcher de faire les actions ci-dessus. (vécu)
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