Je suis assise à la table de notre nouvelle salle. J'éprouve tellement de bonheur, que j'ai envie d'écrire. Tout autour de moi me rappelle des souvenirs, certains heureux, d'autres plus difficiles.
Je me souviens de la première fois que je suis rentrée dans cette caravane. Elle était dans un hangar au Pays-Bas. Son vieux propriétaire s’était résigné à la vendre faute de pouvoir la réparer. On pouvait voir dans son regard tout ce qu'elle avait représenté pour lui : la joie des vacances, les soirées en Ardennes, les apéros camping, l'aventure à une époque où les vacances était encore une idée nouvelle. Il risquait en la vendant qu'elle parte, comme toutes ses vieilles comparses dans un chantier pour y stocker des sacs de béton et de plâtre. A la fin du chantier, les ouvriers n'auraient plus eu qu'à la jeter dans les ordures.
Je pense à mon père, si soucieux de réparer parfaitement chacune des petites traces du temps sur cette vieille caravane. Quand on en a découvert cette petite latte de plancher à remplacer, ce joint de la fenêtre qui laissait couler quelques gouttes, ce petit court-circuit dans la lampe, il a pris un air soucieux, concentré, quelquefois désespéré. Mais à chaque imprévu, il se reprend. En réfléchissant ensemble, nous avons toujours trouvé une solution. Chaque parcelle de cette pièce représente une épreuve que mon père a surmonté par amour pour sa fille.
Je pense à Joshua, à ses rires, à son imagination, à ses idées de décorations. Je pense qu'il n'a pas conscience de son talent. Il est toujours aussi étonné qu'on puisse trouver beaux ses magnifiques logos.
Je repense à Robin, qui a déjà tellement aidé par pure générosité, sans rien attendre en retour. Sa voiture tirera la caravane. Je me sens tellement redevable envers lui. Je cherche depuis des semaines une idée pour lui faire plaisir, mais je ne trouve rien à la hauteur de sa générosité.
Égoïstement, je pense à tous mes espoirs renfermés dans les fins murs qui m’entourent,
à ce pari qui va démarrer à plein temps.
Je ne me lasse pas de vous regarder résoudre les énigmes.
Enfin, je pense à vous, aux heures d’amusement, de surprises et de défis qui vous attendent dans cette caravane. Je pense aux merveilles d’intelligences et d’inventivités, parfois surprenantes que je vais y observer.
Et déjà, avant même que le premier groupe y vive une aventure, je me sens reconnaissante.